Le journalisme, la presse, s’il y a bien un secteur pour qui « s’adapter ou mourir » est plus qu’une nécessité c’est bien celui-là.

A la transformation économique radicale demandée par les nouvelles technologies s’ajoute le pouvoir des plateformes et réseaux sociaux. Ceux-ci ont eu comme effet de modifier le rapport aux nouvelles en accélérant et multipliant la portée des informations vraies comme fausses, et « obligeant » le gouvernement français à proposer une loi anti-fake news qui questionne à la fois la validité de l’émetteur d’une information & les critères d’une information vraie mais aussi de celui qui s’érigera en juge (le gouvernement ? l’assemblée ? la justice ? …) réactualisant ainsi l’enjeu de la liberté de la presse et de son indépendance.

Liberté et indépendance de la presse, deux concepts qui sont aux contours mouvants et imparfaits.

Mais les conséquences ne s’arrêtent pas là puisqu’elles permettent au lecteur de devenir acteur de l’information. Certaines rédactions (BFM et les autres acteurs de l’information continue) s’emparent de cette possibilité allant même jusqu’à anticiper ( » Vous êtes témoin d’un événement ») promouvant quasiment le spectateur en reporter – une proposition qui interroge sur le regard d’une profession sur elle-même…

A ces bouleversement majeurs il faut ajouter les multiples critiques et défiances venant de toutes parts : collusion avec l’establishment économique et politique, impossibilité de se remettre en question, pouvoir abusif…

Des questions qui nous semblaient primordiales d’aborder pour ce qu’elles disent des crises qui parcourent notre société et alors que l’automne 2018 restera certainement dans les annales avec les manifestations connues sous le nom de Gilets Jaunes. La colère exprimée par une partie de la population française tournée contre les taxes liées au carburant, symbole d’une perte de pouvoir d’achat, puis contre l’establishment et parmi les instances prises sous cette dénomination, les médias avec un acte VIII se déroulant sous les fenêtres de BFM, l’AFP et différents autres organes de presse et un acte de IX fait de violences physiques contre les journalistes.

Pour nous guider dans nos interrogations un document d’archive : l’interview d’Edwy Plenel en 2007 pour la sortie du documentaire « Libération première crise : Toutes les histoires de dragons ont un fond de vérité » aux éditions ArtMalta. Dans cette interview le patron de mediapart revient pour nous dans une explication diachronique sur la transition vers le numérique et les nouveaux enjeux des médias.

Puis les ambitions d’Alexandre Kara pour France Info Télévision, chaîne d’informations dont il est le directeur : distance, sérieux et analyses pour ne pas tomber dans le piège des actualités chaudes, des infox et autres manipulations de l’information.

Bertrand Delais, PDG de la Chaîne Parlementaire, analyse pour nous la défiance face à la presse et l’information à l’heure des réseaux sociaux.

Nous nous intéressons aussi à la pensée de Karl Kraus. « L’enragé » comme le nommait Walter Benjamin qui a porté au début du XXème siècle via Die Fackel des critiques contre la presse de son époque.