Vous êtes à la tête d’une société de distribution (Sophie Dulac Distribution) et d’un réseau de cinq salles parisiennes, quel regard portez-vous sur ces métiers alors que s’ajoute à la pression structurelle (saturation de la distribution, difficulté à attirer les nouveaux publics dans les salles) la crise sanitaire ?

Interview Femmes de Culture –
Octobre 2020

Je continue de porter un regard optimiste sur nos métiers car pour moi un film de cinéma doit être vu avant tout dans une salle de cinéma.

Cela étant dit il y a en effet trop de films  sur le marché français 700 par an et des semaines  de sorties très engorgées qui ne laissent aucune chance à certain films fragiles.

Un public vieillissant pour le cinéma d’art et essai  (mais très consommateurs de cinéma) que nous a du mal à renouveler. La crise sanitaire n’a rien arrangé puisque il y a eu durant la période du confinement 16 millions d’abonnés Netflix,

Mais à, cœur vaillant rien d’impossible  et nous continuons notre travail d’éducation par l’image.

Vous êtes connue pour les documentaires que vous distribuez, le public pour ce type de programme grandit, vous allez accentuer leur place dans votre catalogue ?

J’adore les documentaires et il y a un vrai public pour ce genre cinématographique. Nous avons déjà accentué leur place dans notre line-up puisque nous en avons 4 et sans doute d’autres à venir en 2021.

Mk2 vient de lancer le Mk2 institut proposant des conférences dans les salles, lavenir des salles de cinéma est à la diversification des offres ?

Absolument si nous voulons perdurer, il faut que nos salles deviennent de véritables lieux culturels dans lesquels nous pouvons proposer de l’opéra en direct (ce que nous faisons déjà) mais aussi du théâtre, de la danse, des conférences et pourquoi pas (je travaille dessus) du gaming.

Comment voyez-vous des acteurs comme Netflix, Prime et autres plateformes dans le schéma de distribution/diffusion classique ?

Il me semble que Netflix doit devenir un acteur incontournable  de la profession. En finançant le cinéma français, en achetant des films de nos catalogues… En France ils ont besoin de contenu de qualité.

On le sait le cinéma est un milieu encore très masculin, l’accès aux aides est plus difficile pour les femmes, et on connaît votre opposition aux quotas, c’est pour cela que vous avez accepté d’être membre du jury des 100 Femmes de cultures, parce qu’il est important de saluer les femmes qui font mentir les statistiques ?

Je ne sais pas si, l’accès aux aides est plus difficile pour les femmes, je n’ai pas ce problème. Nous faisons un travail de qualité qui justifie les aides que nous recevons. Le budget n’est pas extensible malheureusement. Oui, je suis, opposée aux quotas car si une femme est à un poste important c’est quelle en a les capacités et non par ce quelle a été  imposée.

Les  femmes font souvent mentir les statistiques heureusement et être membre de ce jury la précisément me permet de constater que ces femmes font leur métier avec passion, font avancer la culture sans pour autant être dans la lumière. C’est donc l’occasion de les mettre en avant, même si je pense qu’elles n’ont pour beaucoup pas besoin de cela pour exister.

Une de mes devises «Visons plus haut il y a moins de monde ».

INTERVIEW POUR FEMMES DE CULTURE – OCTOBRE 2020