Rachel Khan vos dons sont multiples, vous êtes juriste, comédienne au théâtre et au cinéma, ancienne danseuse et athlète de haut niveau, comment vous définissez-vous ?
Il n’y a pas d’autre définition à mon sens que mon nom. Mais dans nos sociétés, il faut toujours une base line qui explique ce que l’on est et ce que l’on fait. Or, ce que je suis est une imprévisibilité. En tant que « métisse » ou plutôt en tant que fruit de la créolisation du monde, je suis afroyiddish et n’étant pas essentialiste je fais avec ce mélange dans mon existence, ce qui me permet d’être à différents endroits : sportive, artiste, juriste, politique, auteure, comédienne, en résumé : Rachel Khan et cela suffit à faire la synthèse puisqu’aujourd’hui il faut faire court ! 🙂
Très jeune déjà vous avez rejoint la famille du Hip-hop et depuis janvier 2020 vous êtes co-directrice de La Place un lieu culturel consacré au hip-hop, pouvez-vous nous présenter ce lieu et vos ambitions pour celui-ci ?
Je travaille depuis plus de dix ans à la reconnaissance des esthétiques hip-hop dans les politiques culturelles. Le hip-hop est né dans les années 80, le rap est la musique la plus écouté par nos jeunes, pourtant il n’y avait pas de lieu de création, de production, ni de diffusion pour cette culture.
La Place, que je dirige avec Julien Cholewa est un formidable outil pour accompagner, promouvoir le hip-hop, donner une légitimé et une voix dans l’écosystème parisien à une culture qui est dans le réel majoritaire mais encore dénigrée, malgré son impact international.
Ce lieu est un ancrage formidable dans lequel nous travaillons à la reconnaissance de la transversalité du hip-hop (rap, graff, Djeing, danse, cinéma, musique). L’idée est de construire un projet au rayonnement international dans une logique de développement durable car la puissance du hip-hop réside dans le fait qu’il soit au carrefour de l’économie, de social, du sociétal, de l’environnemental et artistique. Si nous avons pour ambition de nous préoccuper des générations futures, on ne peut pas faire sans le hip-hop.
Vous êtes aussi directrice de l’association 1000 visages qui aide les jeunes de banlieues et de zones rurales à entrer dans le monde du cinéma, l’engagement c’est une part importante de votre vie ?
J’étais directrice de 1000 visages.
Oui l’engagement, la lutte contre toutes les formes d’injustices est une partie majeure de ma vie. Lorsque je dois choisir un rôle, lorsque j’écris, lorsque je suis à La Place, ou lorsque j’interviens au Théâtre de la ville ou sur LCI et autres … je le fais par engagement pour tenter de résoudre, de recoudre une société. Etant aux croisements de multiples problématiques je ne peux me taire face à l’injustice et à l’intolérance de toute part. En France, nous sommes riches de notre jeunesse. A nous de prendre nos responsabilités face à elle afin qu’elle puisse se déployer grâce à la liberté, l’égalité, la justice et la fraternité réelle.
Pourquoi avez-vous accepté d’être jury de 100 Femmes de Culture, est-ce une autre façon de mettre fin à la « couleur sociale » dont vous parlez souvent ?
Je ne me suis pas du tout posé la question !
100 femmes de culture est important car dans le concret nous reconnaissons par un jury constitué de femmes d’autres femmes, comme nous et qui oeuvrent ardemment pour plus d’esthétique, de création, de liberté, de tout ce qui est essentiel au contexte actuel. C’est la seule chose qui m’anime ici.