Anne Tallineau, vous êtes secrétaire générale de lOffice franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) depuis le 1er janvier 2020 quel est votre agenda pour cet organisme ?

Interview Femmes de Culture –
Octobre 202

            Je suis arrivée à l’OFAJ avec la volonté de mettre mon énergie et mon expérience au service des liens entre les jeunesses françaises, allemandes et européennes. Nous avons la chance à l’OFAJ de pouvoir soutenir les jeunes dans leurs engagements et leurs passions, par exemple culturelles. En 2019, ce sont 190 000 jeunes qui avaient participé à nos programmes d’échanges et de rencontres.

            L’irruption de la crise sanitaire a représenté un défi inédit depuis la création de l’OFAJ en 1963 en mettant dans un premier temps à l’arrêt la quasi-totalité de nos programmes à destination des jeunes scolarisés, étudiants ou professionnels. Nous nous sommes tout d’abord mobilisés avec l’équipe de l’OFAJ pour venir en aide à nos partenaires, associatifs notamment, pour maintenir ou transformer les formats d’échanges de jeunes entre la France et l’Allemagne et en Europe pendant cette période.

            Le défi est maintenant de relancer les programmes et les projets pour la jeunesse après des mois de déplacements limités. En effet, il y aura un avant et un après la crise du Coronavirus pour les jeunes en Europe. Nous savons qu’ils seront très impactés par ses conséquences, économiques notamment. Ensemble avec mon homologue allemand, notre agenda est désormais tourné vers la promotion d’échanges qualitatifs en utilisant les potentialités du numérique ou au plus proche des intérêts des jeunes pour les enjeux écologiques par exemple. Nous devons aussi veiller à nous adresser à toutes les jeunesses et à intégrer les jeunes moins favorisés qui doivent aussi pouvoir profiter de ces échanges internationaux et interculturels.

            De même, nous nous engageons en soutenant l’intérêt de la jeunesse pour le projet européen qui est notre bien commun. L’engagement citoyen, la participation des jeunes à nos sociétés sont indissociables de notre avenir. Nous aurons de nombreux rendez-vous dans les années à venir dans la vie de nos pays au cours desquels nous aurons à cœur d’être aux côtés des jeunesses françaises allemandes et européennes.

En arrivant à votre poste, vous avez déclaré que l’égalité femmes-hommes faisait partie de vos priorités, comment allez-vous traduire votre engagement à l’OFAJ ? 

Bien évidemment, la question de l’égalité des sexes est présente au sein de nos programmes d’échanges de jeunes aussi bien que lors des manifestations que nous organisons, des débats … dans le choix des intervenants et intervenantes afin que chacun, chacune dans le public se sente représenté-e.

En tant qu’organisation pour la jeunesse, il est de notre devoir de créer des espaces d’échanges, de débat et d’engagement sur les sujets qui préoccupent directement les jeunes et la question de l’égalité hommes-femmes en est un des principaux. C’est donc naturellement que la question du genre et de la place des femmes sont des thèmes récurrents dans de nombreux projets d’échanges que nous soutenons. Il est d’ailleurs intéressant de comparer l’approche de deux cultures, proches et différentes, françaises et allemandes. Comme lorsque ces programmes incluent des jeunes des Balkans ou du Maghreb pour qui cet enjeu sociétal n’a pas la même réalité.

Sur un plan interne, rien de tel que l’exemplarité pour faire évoluer les mentalités. C’est ainsi que les postes de responsabilité répartis entre Paris et Berlin à l’OFAJ sont largement occupés par des femmes. Je m’en réjouis.

Votre prise de poste a très vite été bousculée par le confinement, comment avez-vous opéré la continuité de votre activité ?

            C’est vrai que mon arrivée en janvier ne s’est pas faite au rythme d’un long fleuve tranquille, alors que les échanges internationaux sont au cœur de la mission de l’OFAJ et que les frontières européennes ont été fermées en mars.

            Heureusement, l’équipe a su faire preuve d’une grande capacité d’adaptation et de réactivité. Aussi car en tant qu’organisation internationale basée sur deux sites (Paris et Berlin et une antenne à Sarrebruck), nous étions déjà habitués à travailler avec toujours au moins une partie de l’équipe à distance. Le personnel de l’OFAJ est profondément engagé dans ses missions. Notre transition s’est opérée de manière rapide et efficace alors qu’une grande partie de l’équipe est toujours en télétravail.

            Cependant, il ne faut pas perdre de vue que ce saut dans le digital ne s’opère pas avec la même facilité pour tous nos partenaires ni surtout pour tous les jeunes. Nous en sommes conscients et travaillons pour continuer à offrir au plus grand nombre des expériences de rencontre des autres.

Avant de rejoindre l’OFAJ, vous avez été directrice générale déléguée de l’Institut Français pendant 5 ans, selon vous pourquoi la culture est un soft-power efficace ?

            Dans le chaos du monde, la culture est plus que jamais indispensable pour toucher les âmes et les cœurs. Les livres, tableaux, films, pièces de théâtre… sont d’abord un facteur d’épanouissement pour les artistes et leurs spectateurs, leurs lecteurs mais ils créent aussi un lien d’entre eux.

            La culture créée du commun et elle permet aussi d’appréhender l’autre et son altérité. Dans le champs culturel, l’affirmation de soi ne passe pas par la négation de l’autre pour reprendre la formule d’A. Maalouf dans « Les Identités Meurtrières ». En tant que secrétaire générale de l’OFAJ aujourd’hui, je suis heureuse de contribuer à créer ces liens essentiels entre les sociétés civiles et les jeunesses en Europe. 

INTERVIEW RÉALISÉE POUR FEMMES DE CULTUREOCTOBRE 2020