En partant d’une analogie biblique – à savoir le récit de la Tour de Babel où Dieu trouvant que l’hubris des Hommes commence un peu trop à se rapprocher de la sienne, les condamne, « Descendons, et confondons là leur langage, afin qu’ils ne comprennent pas la parole de l’autre », à vivre désormais divisés par les langues, plongés dans une incompréhension mutuelle – Jonathan Haidt examine les troubles civilisationnels qui parcourent les démocraties occidentales.
Il revient sur ce qui, depuis plus de 10 ans et lentement mais sûrement, se passe : des vérités parallèles se créent, des scissions s’opèrent dans les sociétés et les fondements nécessaires à faire corps (un capital social ou réseaux de confiance, des institutions fortes, des récits partagés) se fissurent.
Les coupables ? les réseaux sociaux qui vivent des scandales, outrances et petites vexations ; qui se nourrissent en manipulant nos égos et vanités pervertis ; qui entretiennent des bulles d’incompréhension et condamnent les consensus ; en un mot qui immolent le vivre ensemble sur l’autel de la consommation, faisant des data les nouveaux veaux d’or. Qu’importent les divisions pourvu qu’il y ait des annonceurs.
Les coupables ? nous forcément, complices qui nous délectons de quelques (re)tweets et likes ; victimes autoproclamées et volontaires des géants de la tech, ces rois du vide qui n’existent que par nous.
Car nous sommes tout autant qu’eux les architectes du chaos et de la « démocratie post-babélienne »