Alice Pisani, vous êtes chercheuse post-doc au Centre de Physique des Particules de Marseille au sein du groupe de cosmologie Renoir, collaboratrice externe de l’Institut d’Astrophysique de Paris & vous venez de recevoir une Bourse de la Fondation L’Oréal ; pouvez-vous nous parler du noir,  l’objet de vos recherches ?

J’essaye de comprendre l’Univers en regardant les endroits où il y a le moins de galaxies, les vides cosmiques. Nous savons que notre Univers devient de plus en plus grand et ce de plus en plus vite : on dit qu’il est en expansion accélérée. Cette expansion serait due à une composante mystérieuse, l’énergie noire qui constituerait jusqu’à 70% de l’Univers. En étudiant les vides, je peux contribuer non seulement à mesurer l’expansion de l’Univers, mais aussi à découvrir la nature de l’énergie noire. Grâce à ces zones de l’univers à faible densité de matière, je peux extraire des contraintes sur les modèles cosmologiques et sur la relativité générale — la théorie de la gravitation d’Einstein.

Comment vous est venue votre vocation ? 

Ma vocation vient de mon envie de comprendre : j’ai étudié l’astrophysique, puis la cosmologie, animée par le désir de comprendre l’infiniment grand. J’ai choisi une carrière scientifique parce que j’aime les challenges : en physique, les taux de désistement après le premier trimestre étaient effrayants. Cela n’a fait qu’augmenter ma motivation, j’ai relevé le défi.

Mais, aussi, ma vocation vient de l’exemple : mes deux parents sont ingénieurs ; j’ai grandi en sachant que la science et mon cerveau sont les meilleurs outils pour satisfaire ma curiosité, pour comprendre ce qui m’entoure.

Quel a été votre parcours scolaire puis universitaire ? 

Mon parcours a été teinté d’international. Italienne, j’ai étudié au lycée Français de Rome où j’ai obtenu un baccalauréat scientifique. Puis j’ai choisi de m’inscrire en Licence à l’Université de Rome Sapienza, en Physique et Astrophysique. Licence suivie d’un master en Astronomie et Astrophysique, toujours à la Sapienza. À ce stade, j’ai gagné une bourse pour financer deux mois de stage à l’Université de Oxford, en Cosmologie — la science qui étudie notre Univers. De là, j’ai accepté une bourse pour une thèse à l’Institut d’Astrophysique de Paris, thèse achevée en 2014. Depuis je continue mon travail de recherche à Marseille.

On le sait les jeunes filles et les jeunes femmes hésitent à embrasser des carrières scientifiques, quel est votre message pour toutes celles qui n’osent rêver à une carrière comme la vôtre ?

Mon message est: « Osez ! vous êtes les seules qui décidez vraiment de réussir ou non, par vos choix et par la force de votre détermination. »

Il faut qu’elles aient le courage d’être ambitieuses. Croire en soi et être déterminé, c’est vraiment la clé pour réussir. Les femmes peuvent beaucoup apporter à la science. Pourquoi priver le monde de la moitié de ses talents ?