Interview de Lucille Desjonquères – Présidente International Women’s Forum France – Fondatrice « Femmes au Coeur des Conseils » , CEO de Leyders Associates – réalisée pour les Femmes de l’ESR
Pouvez-vous nous présenter Femmes au Cœur des Conseils ?
Il y a trois ans déjà, il me semblait assez clair que les quotas imposés dans les CA par la loi Coppé Zimmerman ne seraient jamais atteints.
On se retrouvait dans un cas assez typique de mauvaise identification des profils : les femmes compétentes pour remplir ces missions sont là, mais les entreprises ne savent pas où les trouver.
J’ai eu envie d’agir, d’ailleurs c’est en agissant que je suis devenue une femme engagée. Nous (Leyders et Associés) avons donc créé Femmes au cœur des conseils : un vivier de 1 000 profils de femmes de haut niveau, d’origines diversifiées, en termes de parcours professionnel, compétences, secteur d’activité, nationalité, etc.
Et ma récente nomination au sein du réseau IWF (International Women’s Forum) augmente le maillage d’excellence de Femmes de Conseil en nous donnant accès à 6 500 femmes dans le monde qui incarnent le leadership.
Dans ces conditions, nous sommes capables de répondre précisément, parfaitement et très rapidement à nos clients.
Les critiques établies par rapport aux quotas sont toujours les mêmes : être choisi pour une raison autre que ses compétences, avec Femmes au cœur des conseils vous mettez fin à la polémique en fait.
En effet, nous sélectionnons des profils qui pourront apporter quelque chose aux entreprises que nous accompagnons. Il ne s’agit pas de féminiser pour féminiser, mais de se servir de cette obligation légale pour faire entrer une compétence manquante. Cela ne servira ni les entreprises ni les femmes si la féminisation des CA aboutit sur un échec pour la conduite de l’entreprise, ou si les femmes ne sont présentes que par crainte d’une sanction économique.
Outre notre première sélection pour intégrer le vivier, nous cherchons à comprendre le besoin manquant des entreprises, nous leur proposons alors des profils qui peuvent leur correspondre. Chaque candidate leur adresse d’ailleurs personnellement ses motivations, son analyse et le domaine d’action qu’elle peut proposer pour répondre à leur besoin.
Cette démarche innovante est basée sur une collaboration avec des spécialistes des questions de gouvernance, de coaching, de conseil en stratégie. Il s’agit d’accompagner de manière intelligente cette féminisation : en remportant l’adhésion des membres des CA et des assemblées. Et le meilleur moyen est de montrer que le recrutement de femmes compétentes est un bénéfice pour eux.
Car même si la plupart des entreprises ont sensiblement progressé sur ce sujet, le chemin est encore long…
Et c’est pourquoi vous avez lancé une « campagne de vaccination au Paritol » le 18 octobre dernier. Qu’est ce que le Paritol ?
Le Paritol, c’est un vaccin destiné à prémunir de tous les maux qui bloquent la parité (misogynie, machisme, sexisme, etc.) et à éviter aux sociétés qui n’ont pas encore atteint le seuil de 40% de femmes de tomber sous le coup de la loi COPE-ZIMMERMANN qui entrera en vigueur le 31 décembre prochain. (Découvrez la vidéo de présentation ici NDLR)
C’est une action sous le patronage de l’International Women Forum dont je suis présidente pour la France.
Sur un ton humoristique et parodique, nous proposons une sortie noble des entreprises qui ont pris du retard à recruter des femmes à des postes de pouvoir, notamment au sein de leurs conseils d’administration.
Plutôt que de dénoncer les causes (misogynie, machisme, phallocratie, etc.), IWF France préfère valoriser le bénéfice recherché : la parité, en encourageant les entreprises à aller volontairement et naturellement sur la voie de la parité. Le choix d’un vaccin et non d’un médicament s’explique par la volonté d’anticiper le risque et de se prémunir contre tout ce qui pourra empêcher la parité de progresser.
IWF France a choisi de faire porter cette campagne de vaccination par des hommes, en particulier par un ambassadeur légitime, crédible et célèbre pour son humour et sa complicité avec les femmes : Michel Cymes. Le sujet est important, reflet d’un vrai changement de société et l’humour peut être une arme efficace. Il ne faut pas être que dans la condamnation et la sanction, il ne faut pas que les hommes perçoivent les femmes comme des ennemies ou des menaces.
Nous parviendrons à l’égalité ensemble, je ne doute pas que la vaccination au Paritol soit bientôt une « démarche sanitaire » du passé !