« Mostrerò a Vostra Illustre Signoria cosa può fare una donna » ces quelques mots prononcés par Artemisia Gentileschi sont le manifeste d’une artiste libre et indépendante, qui lutta avec détermination en utilisant sa personnalité et ses qualités artistiques contre les préjugés à l’égard des femmes peintres et réussissant à rejoindre le cercle des peintres les plus réputés de son temps..
On avait pu voir ses oeuvres au Musée Maillol en 2012, c’est à la National Gallery à Londres que se déroule cet automne une exposition consacrée à la vie et au travail de l’artiste italienne.
Née à Rome en 1593, Artemisia est la fille d’Orazio Gentileschi, peintre réputé et familier du Caravage. Alors que l’enseignement des Beaux-Arts est interdit aux femmes, le père d’Artemisia lui trouve un précepteur : Agostino Tassi. Celui-ci viole son élève alors âgée de 19 ans. Lors du procès Artemisia ne plie pas (elle est suppliciée pour éprouver la véracité de sa plainte….) et son agresseur est condamné à un an de prison et l’exil hors des Etats pontificaux.
En 1613 elle part pour Florence où elle conquiert sa liberté d’artiste. Indépendante, Artemisia peint des sujets qui sont traditionnellement l’apanage des artistes masculins, et, inversant les rôles elle transforme les servantes dociles en conspiratrices courageuses et montre les victimes des survivants.
En juillet 1616, Artemisia devient la première femme à être admise à la prestigieuse Accademia delle Arti del Disegno.
Rapidement, l’artiste se fait connaître, et, comme le souligne Letizia Treves, curatrice de l’exposition à la National Gallery , «de son vivant Artemisia (est) une sorte de célébrité paneuropéenne qui la place au même niveau que des artistes plus tardifs tels que Rubens ou Van Dyck.»
Connue pour ses oeuvres les plus fortes et violentes (Judith et Holopherne, Suzanne et les vieillards, Lucrèce …) l’artiste de l’école caravagesque a cependant une gamme de genres picturaux plus ample et variée qui est aujourd’hui mise en lumière.
Pour en savoir plus sur Artémisia Gentileschi, à défaut de pouvoir se rendre à la National Gallery, cet article du New Yorker retrace la vie et le legs de l’artiste : https://www.newyorker.com/magazine/2020/10/05/a-fuller-picture-of-artemisia-gentileschi