Interview de Roger Serre – Directeur Général délégué du Groupe IGS – dans le cadre des Femmes de l’ESR

Le groupe IGS fête ses 45 ans, quelles sont les valeurs sur lesquelles il est construit ?

Le Groupe IGS est une fédération à but non lucratif, née de la rencontre de l’Union des Associations Familiales – associations laïques qui défendent l’éducation – et de chefs d’entreprise qui voulaient changer les relations humaines dans le monde travail. J’étais alors directeur du développement de l’Essec et je voyais que les écoles de commerce s’éloignaient de la réalité des relations sociales.

Je crois que la valeur qui nous a le plus portés tenait là, pour nous l’entreprise serait sociale ou ne serait pas ! Il nous semblait impossible qu’il puisse exister un progrès économique sans progrès social. D’où la création de l’Institut de Gestion Sociale.

Nous avions une vision claire de ce que nous voulions : revoir la pédagogie d’abord. En mettant la notion de transmission au centre de celle-ci, l’apprentissage et l’alternance devaient donc devenir le socle de notre enseignement. Les liens entre entreprises et universités n’allaient pas de soi à l’époque. Or comment profiter de l’enrichissement que procurent les échanges entre générations, entre professionnels et étudiants ?

Cette vision s’appuyait sur une autre dimension : la pédagogie de l’encouragement.

L’innovation ne devait pas s’arrêter là, nous avons tissé notre vision humaniste. Quelle que soit l’entreprise, c’est les hommes et les femmes qui font la différence. La valeur des collaborateurs devait être donc dans le haut du bilan. Nous avons donc poussé pour la création de la loi pour le bilan social.

Notre histoire est jalonnée par des moments de création d’offres :

1978 : nous avons créé un 3ème cycle de management des Ressources Humaines. Aujourd’hui, nous comptons 1 800 DRH diplômés de notre école. Nous sommes donc la 1ère école de management des RH. Avec cette impulsion, nous inscrivions l’attachement de notre groupe aux formations du domaine du tertiaire, avec toujours dans l’esprit la dimension humaine au centre de la pédagogie.
C’est ainsi qu’en 1980 nous avons développé l’apprentissage dans les métiers du tertiaire. Et nous avons été les seuls à avoir cette offre pendant 15 ans.

Je crois que toutes ces adaptations nous avons pu les faire parce que nous étions en contact permanent avec les différents acteurs régionaux et nationaux, de la formation, de l’emploi et de l’économie. Rendez-vous compte qu’à l’époque, aucune association patronale ne voulait entendre parler de l’apprentissage pour ces métiers, les chambres de métiers nous opposaient des refus catégoriques. Pourtant la révolution bureautique arrivait, et je crois au fort potentiel d’évangélisation que possèdent les apprentis dans les groupes. Alors imaginez ce que nos apprentis pouvaient apporter – et apportent toujours – lorsqu’ils sont dans les sièges sociaux des entreprises ! Mais nous avons tenu bon et nous avons poursuivi le développement des apprentissages et alternances.

En 1984, nous avons choisi de nous impliquer plus encore dans la société avec la création d’actions pilotes dans les quartiers difficiles. Ce qui nous a poussés à agir de la sorte, ce fut les difficultés à Lyon à l’époque. Le préfet demandait des solutions, nous y avons répondu par les écoles de la deuxième chance. Nos actions visaient et visent toujours les personnes en difficultés et les personnes en échec social et scolaire.

En fait, si je dois résumer nous avons toujours été : atypiques, indépendants avec une philosophie centrée sur l’humain.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Nous gardons au cœur de notre vision du métier ce qui nous a construits. Nous intégrons l’humanisme dans les formations que nous développons pour les besoins de notre société en mouvement qu’il s’agisse d’entrepreneuriat, de professionnalisme, nous mettrons notre valeur au cœur de toutes nos actions

Plus que jamais nous sommes au service de nos étudiants (quels que soient leur âge et leur diplôme) ; notre mission est de les encourager « Où que vous vouliez aller, nous sommes là pour vous accompagner. ». Nous sommes au service des entreprises aussi. Notre métier est de fournir des ressources humaines aux entreprises. Le lien, c’est la certification des compétences : nous assurons aux premiers des formations qui les garantissent, et aux seconds des salariés compétents.

Nous certifions leurs compétences : nous ne pouvons pas être des professionnels de l’évolution si nous ne sommes pas bons dans l’évaluation. Et nous continuerons dans cette exigence.

Et je crois que nous y adjoindrons la générosité qui finalement revient à notre impulsion première : la générosité dans la transmission, car ce n’est pas parce que notre ère est nouvelle que nous pouvons faire l’économie de la transmission :

SAVOIR – SAVOIR FAIRE – SAVOIR FAIRE FAIRE – SAVOIR TRANSMETTRE

On parle beaucoup de la place des femmes dans la société actuelle, même si les métiers du tertiaire auxquels vous préparez ne connaissent pas ce problème (ils auraient tendance d’ailleurs à connaître une surreprésentation féminine), en tant que président du Groupe IGS quelle est votre vision ?

Quand j’étais directeur du Développement de l’ESSEC j’ai obligé le conseil d’administration à faire entrer des filles en tant qu’… étudiantes… On ne peut pas être humaniste sans penser l’humanité toute entière, sans différence de genre.

Les valeurs que nous inculquons à nos étudiants et étudiantes, la pédagogie d’encouragement que nous développons, l’ambition que nous avons pour chacun est la même qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes.

Je ne peux qu’encourager la société à permettre aux femmes de prendre la place qu’elles méritent à chaque endroit de l’entreprise et de la vie publique. Le Groupe IGS par le biais de ses différentes écoles favorisent les initiatives pour la valorisation des parcours féminins. Pour ma part, je suis convaincu que l’alliance de toutes les compétences est un atout d’avenir.