Interview réalisée en Mars 2016 pour Les Femmes de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Jean-Michel Blanquer, vous êtes Directeur Général de l’ESSEC. En janvier 2014, l’ESSEC a signé la Charte Egalité Femmes/Hommes de la Conférence des Grandes Ecoles, deux ans plus tard, quel est le bilan ?Le bilan est très positif puisque la signature de cette charte nous a permis de nous structurer sur ces question d’égalité F/H, aussi bien vis-à-vis de nos étudiants que de notre personnel.La sensibilisation de nos étudiants aux problématiques d’égalité F/H nous paraît incontournable car il est important qu’ils puissent, en tant que futurs managers, intégrer les mécanismes de mixité et gestion égalitaire de leurs équipes. Il est par ailleurs important d’adresser à nos étudiantes un message positif pour leur propre carrière, en leur donnant les clés pour réussir tout autant et avec la même ambition que leurs camarades masculins, sans auto-censure féminine parfois encore bien ancrée.
Et ce que nous enseignons à nos étudiants, en tant que formateur, il est important de l’appliquer également à l’ESSEC en tant qu’employeur.
Comme suite à la signature de cette charte, j’ai nommé et missionné 2 référentes égalité F/H au sein de l’ESSEC.
Un groupe de travail a été constitué rassemblant une quinzaine de personnes issues de différents départements et volontaires pour mettre en place une dynamique sur les questions d’égalité à l’ESSEC.
Nous avons il y a un an organisé une conférence de sensibilisation aux stéréotypes, conférence animée par Brigitte Grésy, Secrétaire Générale du conseil supérieur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Cette année nous organisons notre premier Gender Equality Day, ouvert au personnel, corps professoral et étudiants, au cours duquel plusieurs conférences et ateliers permettront à chacun de mieux comprendre les enjeux de l’égalité F/H en France comme à l’international et de l’égalité professionnelle en particulier.
Nous avons signé avec les partenaires sociaux un accord égalité qui met petit à petit des mesures permettant de rétablir une meilleure mixité dans nos recrutements et une meilleure intégration des femmes dans les postes à responsabilités.
Nous participons au baromètre égalité F/H de la CGE, ce qui nous permet de mieux piloter, grâce à des indicateurs précis, les progrès que nous pouvons faire en la matière.
Nous avons aussi mis en place des ateliers de négociation de premier salaire à destination de nos étudiantes.
par ailleurs, nous avons ouvert la formation « Femmes et Talents », formation intégrée dans les programmes « Women » de l’executive education, à notre personnel féminin. Ces programmes sont coordonnés et dirigés par Viviane de Beaufort, professeur de droit à l’ESSEC, spécialisée dans les questions de gouvernance.
La Harvard Business School a publié en 2014 ( https://hbr.org/2014/12/rethink-what-you-know-about-high-achieving-women ) une enquête faite auprès de 3 générations d’alumni pour comprendre pourquoi, alors qu’il y a autant de diplômés hommes que femmes, ces dernières disparaissent des hauts postes. Constatez-vous la même chose dans vos promotions ? Et si oui que mettez-vous (ou avez-vous prévu de mettre) en place pour y remédier ?
Il y a effectivement des différences de positionnement et une moindre part de nos femmes diplômées dans les postes à très haute responsabilité et de gouvernance.
Ce phénomène qui n’est pas propre à l’ESSEC est dommageable pour les carrières de nos alumnae/diplômées, mais nous sommes confiants sur le fait que les nouvelles générations, mieux informées, sensibilisées, coachées avant leur entrée dans la vie professionnelle, sauront désormais mieux saisir les opportunités, mieux entreprendre au féminin. Elles seront moins enclines à faire de l’autocensure, pour devenir, au contraire, actrices de leur carrière, n’hésitant plus à se mettre en avant et faire connaître leurs « savoir-faire »/ expertises et envies de prendre davantage de responsabilités, dans un esprit constructif.
Je suis optimiste sur ces questions car je vois, dans une grande et belle école comme la nôtre où 51% des étudiants sont des jeunes femmes, qu’elles sont bien préparées pour l’avenir avec des connaissances et des valeurs qui sont celles dont le XXIème siècle a besoin.
Vous êtes signataire de #jamaissanselles, la parité femmes-hommes c’est donc aussi un engagement personnel ?
Oui, bien entendu. Je le suis au nom des valeurs de l’égalité mais aussi et surtout parce que je crois que nous avons besoin d’un monde équilibré, où l’on tire notre force de nos différences et où l’on se respecte. Servir la cause des femmes, ce n’est pas seulement servir la cause des femmes, c’est servir la cause du monde.