Vous êtes doctorante à l’Institut Matériaux Microélectronique et Nanosciences de Provence, sur quoi portent vos travaux ?
Mes travaux de thèse portent sur le contrôle des propriétés optiques de couches minces hétérogènes à nanoparticules. Les nanoparticules métalliques ont des propriétés optiques extraordinaires dans le domaine du visible : elles absorbent ou/et réfléchissent fortement la lumière. Ces propriétés optiques sont dépendantes de la taille et de la forme de la nanoparticules. En incorporant des nanoparticules de différentes tailles et formes, tels que des nanosphères, nanoprismes et nanocubes, on obtient des couches minces ayant différentes propriétés optiques. J’ai produit des nanoparticules par synthèses chimiques, je les ai incorporées dans une matrice hôte en polymère et réalisé des caractérisations optiques, couplées à des modélisations pour valider les résultats expérimentaux. Mes résultats m’ont permis de me rendre à plusieurs conférences internationales et d’écrire des articles scientifiques qui sont lus dans le monde entier. J’ai été très fière de présenter mes résultats devant un parterre de scientifiques venant des quatre coins du monde.
Votre choix de carrière s’est-il fait aisément ou avez-vous eu des doutes ? Lors de votre orientation avez-vous jamais pensé que la science était un domaine « masculin » comme on l’entend encore trop souvent de la part des jeunes filles ?
J’aime la physique depuis le collège. Il m’a donc paru évident de continuer mes études par une licence et un master en physique puis une thèse. Je ne m’étais pas vraiment renseignée sur le nombre de collègues féminines, mais en effet nous étions toujours très peu nombreuses. Il m’arrivait fréquemment d’être la seule femme parmi les étudiants. Il m’est arrivé plusieurs fois que des enseignants me fassent des remarques déplacées sur mon choix de vouloir étudier la physique « alors que les femmes sont plus douées pour la biologie ou la chimie ». Ce furent des mots très durs, mais ils ne m’ont en aucun cas découragés. Je me suis simplement appliquée d’avantage pour leur prouver qu’ils avaient tort. Et finalement je suis docteur en physique !
Vous avez été finaliste de FameLab France, est-ce un exercice difficile pour une chercheuse ?
Lorsqu’on passe trois années à travailler sur le même sujet, on est tellement dans notre sujet qu’il n’est vraiment pas facile de l’expliquer simplement ! Il m’a donc paru essentiel de réfléchir à la vulgarisation scientifique et quelle meilleure opportunité qu’un concours de vulgarisation tel que FameLab ! Résumer trois années d’expériences et résultats en trois minutes pour un public non scientifique est un exercice compliqué ! J’ai mis beaucoup de temps pour ma première vidéo, consultable ici : https://www.youtube.com/watch?v=6bObqChNKvk Puis j’ai eu l’énorme chance d’accéder à la finale du concours. Le weekend précédant la finale, les 10 finalistes que nous étions, ont passé un weekend intense à tout apprendre sur la vulgarisation scientifique, sur comment captiver l’attention du public, comment utiliser l’espace sur scène et comment cacher sa nervosité. Car nous étions tous nerveux le soir de la finale ! Ma présentation finale est consultable ici : https://www.youtube.com/watch?v=Bm1jasU-QrY
Ce fut une expérience fortement enrichissante et je conseille à tout scientifique de l’essayer. Surtout les timides !
Quels conseils donneriez-vous à une jeune fille qui aimerait suivre votre voix ?
Si vous aimez les sciences, étudiez les. Si la physique vous tente, allez-y. C’est tellement passionnant ! Ne vous laissez surtout pas décourager par les remarques de vos prof, vos amis ou votre famille sur les matières plus féminines que la physique. Pendant mes études, j’ai rencontré plusieurs physiciennes qui m’ont beaucoup impressionnée. Je me suis inspirée de leur force. Et finalement, si vous doutez toujours, écrivez-moi !